
UNION NATIONALE DES COMBATTANTS
Fondée en 1917 - Reconnue d’utilité publique par Décret du 20 mai 1920
Chers Présidents, chers amis,
comme vous le savez, le président national de l'UNC a adressé à tous les candidats à l’élection présidentielle un questionnaire relatif aux préoccupations de l’Union Nationale des Combattants. Au fur et à mesure des réponses, nous vous les adresserons, sans aucun commentaire.
Voici donc les réponses de madame Nathalie Arthaud, candidate de Lutte Ouvrière et de madame Marine LE PEN , candidate Front National.
Bonne lecture !
Bien cordialement.
J. LE CLOITRE
Pdt UNC GIRONDE
Réponse de Nathalie Arthaud
À MONSIEUR PIERRE SAINT-MACARY
Monsieur,
vous m’avez récemment adressé un questionnaire relatif aux anciens combattants.
Je tiens préalablement à souligner que ma candidature n’est pas, comme vous l’écrivez, une marque « d’attachement à la France » et de ma « volonté d’être au service » de mes concitoyens. Il serait trop long dans le cadre de ce courrier de vous expliquer ma conception du monde. Je me conterai de dire qu’il est pour moi divisé en classes sociales opposées, en exploiteurs et en exploités et que je ne me reconnais par conséquent pas de communauté d’intérêt avec des grands patrons du CAC 40 ou de lointains héritiers de la traite négrière ou du commerce colonial. Je tiens en revanche à faire entendre le « camp des travailleurs, et c’est également cette volonté qui oriente ma réponse.
Je n’aspire par ailleurs pas à la présidence de la république. M’engager comme vous le demandez sur des mesures qui ne concerneront que le président élu, n’aurait donc guère de sens à mes yeux.
Je voudrais donc répondre à certains points de votre questionnaire, mais essentiellement pour en dénoncer les postulats et certaines idées exprimées de façon plus ou moins implicites.
S’il ne s’agissait que de la reconnaissance du statut de combattant à « tous les anciens militaires présents en Algérie de juillet 1962 à 1964 », et de mesures favorables aux veuves de guerre (votre point 3) je ne verrais sans doute pas matière à discussion. De même que je comprends la revendication d’égalité de traitement et d’indemnités exposée par les anciens combattants, eux-mêmes victimes en l’occurrence, non pas d’un supposé ennemi, mais de leur propre État. Je sais en effet faire la différence entre les responsabilités de l’État, de ses dirigeants politiques et de son armée et le sort des militaires qui la composent. Je me permets également de rappeler la situation de tous ceux qui ont été exposés aux essais nucléaires dans le Sahara dont l’État français n’a jamais véritablement reconnu le préjudice, pas plus qu’à ceux dont leurs descendants sont encore victimes aujourd’hui.
Mais je ne peux réclamer le TRN, comme vous l’évoquez en votre point 2, au motif que « les militaires et les policiers veillent en permanence pour protéger leurs concitoyens ». Puisque vous évoquez l’Algérie dans votre point 1, et que vous le faites de nouveau dans votre point 7, je ne peux également que m’élever en faux contre cette autre assertion. En Algérie, il s’agissait bien à mes yeux d’une guerre, d’une « sale guerre » pour reprendre une expression consacrée menée contre le peuple algérien, y compris avec la peau de militaires et de civils, français ou non, appelés sous l’uniforme. Le courant que je représente, le courant communiste révolutionnaire, a en outre toujours vu dans les forces armées le rempart d’un certain ordre social et non pas le ciment d’une prétendue unité nationale. Un auteur célèbre a écrit, à propos d’une autre guerre, qu’on croît mourir pour la Patrie mais qu’on meurt toujours pour les industriels. Cela s’applique depuis à toutes les guerres dans lesquelles la France, et ses militaires, ont été engagés.
Votre deuxième partie de questions, consacrée aux enjeux mémoriels, suscite en moi en revanche entre incompréhension et indignation. Vous prétendez refuser toute « instrumentalisation de la mémoire » et promouvoir une « mémoire apaisée ». Mais vous vous élevez contre la journée du 19 mars – que je ne revendique pas particulièrement - en évoquant un « traumatisme encore à vif sur une grande partie de notre population » et affirmez votre refus de « toute démarche de repentance » . Ce dernier terme n’est pas non plus dans mon vocabulaire : je le laisse aux religieux. Mais vous semblez refuser le processus qui a mené à l’indépendance de l’Algérie comme la nature de cette guerre coloniale elle-même. J’appartiens pour ma part à un courant politique qui a toujours combattu la guerre menée par l’État français en Algérie pour maintenir sa domination coloniale, avec son cortège de tortures, d’emprisonnements, de déportations, d’assassinats et de massacres de masse. De cela, vous ne parlez pas, choisissant à l’inverse de souligner les populations civiles « spoliées » et le sort des harkis en Algérie. J’accepterai pour ma part d’envisager ces questions que si vous acceptiez de reconnaître que la spoliation fondamentale fut celle du peuple algérien tout entier en raison de la colonisation française engagée dans le sang dès 1830.
Quant à reprendre l’objectif d’un budget de la défense, c’est-à-dire de la guerre, à « au moins 2% du PIB », il n’en saurait évidemment être question. Je combats en effet le gâchis fantastique de moyens, de compétences que constituent la production et le commerce des armes ainsi que les interventions militaires des armées françaises. Je réclame par ailleurs avec mon organisation le retrait des troupes françaises d’Afrique comme de tous les pays où elles sont stationnées – ou combattent - de façon permanente ou temporaire. Ces troupes ne servent à mes yeux qu’à protéger, de façon directe ou indirecte, les intérêts de la bourgeoisie française, quitte à s’appuyer sur les pires régimes qui soient. Sans espoir de vous convaincre, je vous adresse ces quelques éléments de réponses. Elles sont en quelque sorte la preuve qu’il n’existe pas de communauté d’intérêts entre vous et nous.
Cordialement, Nathalie Arthaud
Réponse de Marine Le Pen
Question 1
Je demanderai à mon gouvernement de voir s’il est juridiquement possible de faire commencer les opérations extérieures en juillet 1962, et non deux ans plus tard. Il entreprendra donc, à ce sujet, une concertation notamment avec les associations qui ont pour objet social de défendre les intérêts moraux et matériels des anciens combattants.
Question 2
Il faudra élaborer un statut pour ceux qui donnent de leur temps pour protéger les Français en des périodes qui ne sont pas considérés juridiquement comme relevant des périodes de guerre. S’il ne faut pas confondre les époques d’hostilités ouvertes et celles réputées de paix quelles que puissent être les menaces sous-jacentes, la patrie doit être néanmoins reconnaissante envers tous ceux qui l’ont servie, surtout quand ils ont assuré ce service sur leur temps personnel.
Question 3
Je suis favorable à l’idée de calculer, pour les veuves de guerre avant le 03 août 1962, leurs pensions au taux du grade et je demanderai à mon gouvernement de pérenniser par une loi les 15 points de majoration forfaitaire qui ne sont que justice.
Question 4
Je suis favorable à une égalité de traitement et d’indemnisation pour les orphelins de guerre et les pupilles de la Nation de tous les conflits. Les Pupilles de 1939-45 dont l’acte de décès du parent décédé porte la mention « Mort pour la France » ne bénéficient pas par exemple des mêmes dispositions particulières prévues par les décrets 2000-657 du 13 juillet 2000 et 2004-75 du 05 juillet 2007. Les différences de traitement entre les pupilles de la Nation portent une atteinte insupportable au principe d’égalité et sont d’autant plus douloureuses qu’elles visent des orphelins, qui ont perdu leurs parents dans un conflit. J’y vois là une injustice profonde. Je m’engage donc à prendre un décret dès mon accession au pouvoir afin de corriger cette inégalité.
Question 5
À un moment où un candidat à la présidence de la République va à l’étranger pour accuser la France de « crimes contre l’humanité », il est du devoir du gouvernement de défendre la mémoire nationale et le souvenir de ceux qui ont servi leur pays. Il faut promouvoir notre histoire à travers ses gloires et ses lumières. Un secrétariat d’État, dédié à cette mission, s’impose donc. Il s’inscrit dans la logique de mon engagement 91 : « Défendre l’identité nationale, les valeurs et les traditions de la civilisation française. Inscrire dans la Constitution la défense et la promotion de notre patrimoine historique et culturel. »
Question 6
Il appartiendra à mon gouvernement de décider des meilleures structures déconcentrées, destinées à organiser l’action de ce secrétariat d’État dans les départements, d’autant plus que l’échelon régional sera supprimé en tant qu’entité administrative. Je remarque d’ailleurs qu’il n'y a pas de coût supplémentaire au maintien du dispositif actuel.
Question 7
Pour des raisons qui tiennent à la vérité historique, j’ai toujours été opposée au fait que le 19 mars soit la journée nationale du souvenir et du recueillement des victimes civiles et militaires de tous les combats en Afrique du Nord. En concertation avec toutes les parties prenantes, je fixerai une autre date pour cette commémoration.
Question 8
Je suis pour un enseignement de l’Histoire qui donne à tous les Français, quelles que soient leurs origines, la fierté d’être français. C’est le sens de mon engagement 97 : « Renforcer l’unité de la nation par la promotion du roman national et le refus des repentances d’État qui divisent. »
Question 9
Tous les organismes qui peuvent servir à mieux faire connaître l’histoire de notre pays et l’abnégation de ceux qui l’ont servi, souvent jusqu’au sacrifice suprême, doivent fonctionner. Les jeunes générations ont le droit et le devoir de savoir. Or, ce Haut Conseil de la Mémoire Combattante, créé par Jacques Chirac, n’a jamais été réuni par Nicolas Sarkozy et par François Hollande. Pourtant, dans cette perspective, il pourrait avoir un rôle éclairant.
Question 10
Le budget de la défense ne doit plus être une variable d’ajustement. Je ne peux que citer, dans cet esprit, mon engagement 121 : « Augmenter dès la première année du mandat le budget de la Défense à 2 % du PIB puis tendre vers 3 % à l’horizon de la fin du quinquennat. Ces 2 % minimum seront inscrits dans la Constitution. Cet effort substantiel permettra notamment de financer :
• un second porte-avions baptisé « Richelieu », indispensable à la permanence à la mer de notre groupe aéronaval ;
• l’augmentation des effectifs (pour les reconstituer à leur niveau de 2007, soit environ 50 000 militaires supplémentaires) ;
• la pérennisation de notre force de dissuasion nucléaire ;
• l’augmentation générale de notre format d’armée (davantage d’avions, de navires, de blindés) et la modernisation des équipements ;
• le rétablissement progressif d’un service militaire (minimum obligatoire 3 mois).