
Au Mali, une dizaine de soldats Français blessés
Des tirs de roquettes, des assaillants déguisés en Casques bleus montés à bord de véhicules piégés, des échanges de coups de feu: les camps de la Minusma et de la force Barkhane à Tombouctou ont été la cible, ce samedi 14 avril, d'une attaque "sans précédent" qui a fait au moins un mort et une vingtaine de blessés.
L'assaut s'est produit peu après 14 heures (locales, 16h à Paris) sur le site aéroportuaire de cette ville légendaire du nord du Mali, où sont cantonnés des Casques bleus de la Minusma, la force de l'Onu au Mali, et des hommes de l'opération de l'armée française Barkhane, menée contre les jihadistes au Sahel.
Alors que les deux camps essuyaient une "dizaine de tirs de roquettes", des hommes portant des Casques bleus ont tenté de "s'infiltrer" dans la zone militaire à bord de deux véhicules piégés, a précisé dans un communiqué le ministère malien de la Sécurité. L'un des véhicules portait les couleurs des Forces armées maliennes (FAMas) et l'autre le sigle "UN" des Nations unies. Le premier "a explosé", tandis que le second "a pu être immobilisé".
Une "importante attaque complexe"
Selon la Minusma, l'un de ses Casques bleus a été tué lors d'"échanges de tirs". Une dizaine d'autres ont été blessés. Le ministère malien a par ailleurs indiqué que l'attaque avait également fait une "dizaine" de blessés "côté Barkhane". Les agences de presse AP et Reuters indiquent aussi que "dix soldats français ont été blessés".
"Les combats ont pris fin vers 18h30", plus de quatre heures après leur début, selon le ministère. Bamako et la Minusma ont assuré que la situation était à nouveau "sous contrôle".
La force de l'ONU a évoqué une "importante attaque complexe" associant "mortiers", "échanges de tirs" et "attaque au véhicule suicide".
La Minusma, la mission de l'ONU la plus coûteuse en vies humaines
"C'est la première fois qu'il y a eu une attaque de cette envergure contre la Minusma à Tombouctou", a relevé une source sécuritaire étrangère. "C'est une attaque qu'on n'avait jamais connue", a confirmé un responsable du gouvernorat de Tombouctou.
Déployée au Mali en juillet 2013, la Minusma, qui compte environ 12.500 militaires et policiers, est actuellement la mission de maintien de la paix de l'ONU la plus coûteuse en vies humaines. Elle avait, avant l'attaque de samedi, perdu plus de 160 Casques bleus, dont 102 dans des actes hostiles, ce qui représente plus de la moitié des soldats de l'ONU tués sur cette période dans le monde.
Elle doit recevoir dans les prochains mois des renforts canadiens, Ottawa ayant annoncé le 19 mars sa décision de déployer pendant un an une force d'appui aérienne avec des hélicoptères et des Casques bleus.
Recrudescence des violences
Des groupes liés à Al-Qaïda ont dicté leur loi dans le nord du Mali de mars-avril 2012 à janvier 2013, date du déclenchement d'une opération militaire internationale à l'initiative de la France. Bien qu'ils aient depuis lors été dispersés et en grande partie chassés du nord du Mali, des zones entières de ce pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques.
Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et à la partie sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger, où quatre soldats américains et quatre militaires nigériens ont été tués dans une embuscade en octobre 2017.